Monument classé au patrimoine français
La production d’hydroélectricité dans la centrale des Vernes a cessé en 2020. L’arrêt définitif des machines laisse place désormais à l’exploitation de son exceptionnel intérêt patrimonial.
L’hydroélectricité fait partie de l’ADN de la vallée de la Romanche car vous êtes dans son berceau, là où, la houille blanche à l’époque, a commencé à exploiter la force de l’eau. À la fin du 19ème siècle de nombreux torrents de la vallée de la Romanche sont capté par Charles-Albert Keller, ingénieur des Arts et Métiers.
La force de l’eau construit depuis le destin de Livet-et-Gavet et ce encore aujourd’hui avec le projet Romanche-Gavet qui est entré en service en 2020.
Les Vernes, plus d’un siècle d’histoire
La centrale des Vernes fait partie de ces monuments pour lesquels un classement au patrimoine français était une évidence.
Construite en 1918, elle fait partie des usines pionnières en la matière. Elle est implantée dans la vallée de la Romanche, là où, avec les usines de Lancey dans le Grésivaudan, tout a commencé. Elle présente une dimension esthétique et environnementale inhabituelle dans un bâtiment industriel.
Classée « Monument Historique » en 1994, cette centrale a été pensé par Charles-Albert Keller, autant dans un souci technique qu’esthétique.
Mise en service en 1918, l’usine des Vernes était destinée à répondre à l’augmentation des besoins en énergie des établissements Keller et Leleux, producteurs de fonte synthétique à Livet durant la Première Guerre mondiale.
Cette centrale a été conçue pour une « mise en scène de l’eau » . Toutes les fonctions de la centrale, de la chambre d’eau au canal de fuite, sont concentrées sur la même parcelle. Charles-Albert Keller décrit ainsi son projet en 1925 :
« D’abord j’ai obéi à des goûts personnels en l’espèce. J’ai voulu ensuite démontrer que la houille blanche et le tourisme sont conciliables, et puis j’ai tenu à apporter à un pays auquel je me suis fortement attaché une contribution à son embellissement. Enfin, et cela m’est très cher, offrir à mon personnel que j’estime une preuve de plus de ma sollicitude affectueuse en le faisant bénéficier particulièrement de ces embellissements qui agrémentent ici un peu sa vie et celle des siens » .
Charles-Albert Keller
La terrasse supérieure, de plain pied avec la route, est aménagée en jardin à la française avec allée, arbres, parterres bordés de vases, fontaine monumentale (en fait chambre de mise en charge/cheminée d’équilibre) et clôture. Les pylônes supportaient des projecteurs à l’origine.
La terrasse inférieure où se trouve la centrale est au niveau de la berge. C’est une vaste cour en partie arborée, qui permet d’admirer l’ensemble grâce au recul et à la variété des points de vue. Elle est délimitée au nord par la Romanche et à l’ouest par l’eau du canal de fuite, donnant l‘effet d’un château protégé d’une douve franchie par un « pont-levis ».
Pour relier les deux niveaux, le grand escalier monumental, en ciment moulé, s’inspire nettement de celui du château de Vizille (disposition, balustres, niches). C’est un dispositif fonctionnel de circulation, mais plus encore un élément de surprise théâtrale et un instrument de découverte des lieux. Il était à l’origine éclairé et apparemment doté d’un calvaire.
Une usine monument qui intrigue car, visible du bord de la route, vous êtes nombreux à vouloir la visiter. Elle sera bientôt fermée, peut-être que son projet de reconversion vous permettra de la découvrir…
Faisons maintenant un saut dans le temps de 102 ans, car la Romanche continue son épopée hydraulique avec…
Aujourd’hui, la centrale Romanche-Gavet
Avec sa mise en eau en 2020, cette nouvelle centrale aura été le plus grand chantier hydroélectrique français des dix dernières années.
Le réaménagement de la vallée conduira au remplacement de six centrales vétustes par une seule centrale souterraine. Plus puissant, mieux intégré au paysage et respectueux de l’environnement, ce nouvel équipement souterrain va remplacer les 6 centrales et 5 barrages actuels de la vallée de la Romanche.
La production annuelle moyenne est estimée à 560 millions de kWh soit 155 kWh de plus que les 6 centrales actuelles réunies. Cette augmentation de 30% correspond à l’alimentation en électricité d’une ville de 60 000 habitants.
Sur les 10 km de la commune de Livet-et-Gavet, l’installation comprend 3 zones :
- Le barrage-prise d’eau, situé à Livet, construit dans le lit d’origine de la rivière, remplacera les 5 barrages actuels.
- La galerie d’amenée de 9,3 km relie le barrage à la centrale. Entièrement souterraine, elle remplace les kilomètres de canaux et de conduites forcées qui sillonnent aujourd’hui la vallée.
- La centrale, ses deux cavernes et ses galeries sont également souterraines.
Un lieu de mémoire a été crée pour retracer l’histoire hydroélectrique de la vallée. Le musée de La Romanche à Rioupéroux sera dorénavant le témoin des 6 centrales remplacées par le projet Romanche-Gavet.
Musée de la Romanche
Musée de la Romanche ©Fabien Gruas
Musée de la Romanche Musée de la Romanche – Exposition « Les Vernes 100 ans d’Histoire » ©Fabien Gruas
Exposition « Les Vernes 100 ans d’Histoire » Musée de la Romanche – Exposition « Les Vernes 100 ans d’Histoire » ©Fabien Gruas
Exposition « Les Vernes 100 ans d’Histoire »
Le musée est consacré à deux temps forts de la vallée de la Romanche liés à la géologie et à l’industrialisation. Il présente le développement de ces activités, la vie des hommes et l’histoire des paysages.