Un village carapace, unique en Oisans
Au fil des ruelles de Besse-en-Oisans, le charme opère et le silence s’impose. Les autres sens s’éveillent pour mieux s’imprégner de la sérénité des lieux…
Laissez les pierres vous raconter la rudesse de la vie à 1 500 m d’altitude, mais aussi la belle énergie d’une communauté de paysans solidaires et amoureuse de son bout d’Oisans.
Ici tout est minéral, les ruelles en calades, les murs des maisons, des granges, ailleurs en ossature bois, les lavoirs et même les toits autrefois.
Le charme sobre des petits villages de montagne a trouvé son ambassadeur, Besse-en-Oisans. Visitez ce petit village reposant où il fait bon se promener, se perdre et se retrouver…
Besse-en-Oisans, inscrit aux Sites patrimoniaux remarquables
La qualité architecturale des maisons de Besse, qui se démarque des autres villages alentours, explique son inscription à l’inventaire des sites pittoresques de l’Isère depuis 1982 puis des Sites patrimoniaux remarquables en 2016.
Bâties en pierres de pays des pieds à la tête, ces anciennes fermes sont le témoignage des techniques de construction d’époque. Un savoir-faire reconnu par les architectes des Bâtiments de France car les Bessats construisaient eux-mêmes leurs maisons avec des matériaux disponibles sur place et qu’elles ont traversé les siècles.
Mais au-delà d’un intérêt remarquable concret, ce classement traduit surtout un sentiment impalpable, apaisant, celui d’être séduit par les lieux.
L’ensemble formé par Besse, les hameaux de Bonnefin et du Sert, est depuis surveillé par les architectes des bâtiments de France. Tout projet de rénovation, de construction ou de démolition est soumis à un architecte pour vérifier que les travaux ne nuisent pas à l’esthétique du village.
Portrait de Besse-en-Oisans
Les bouleaux, signification de « Besse » en patois local, entouraient le village à l’origine. Et pourtant, après avoir coupé de grandes étendues de forêt pour cultiver la terre, le bois vient à manquer. Cette denrée rare ne sera pas choisie pour la construction des maisons, comme on peut le voir ailleurs en Oisans où seul le rez-de-chaussée, avec l’étable et le logis, sont en pierres et les étages de grange en bois. Cette pénurie sera une chance pour Besse, car, toutes de pierres vêtues, les maisons sont construites pour durer et le village traversera les siècles sans changer de visage.
« Il y a cent déjà, la physionomie de celui-ci était identique. Les habitants d’autrefois ont laissé définitivement leur empreinte. »
Un peu de géographie
Le village de Besse repose sur un versant sud, l’adret, qui présente tous les avantages pour l’installation d’une communauté : la présence de l’eau, la pente de la montagne plus douce, une belle exposition au soleil, même en hiver, et la proximité d’un océan de verdure, les alpages d’altitude du plateau d’Emparis. Aujourd’hui l’emplacement est idéal pour profiter de la sérénité des lieux, pour qu’habitant comme visiteur retrouvent la paix d’une vie simple proche de la nature.
Cependant, Besse n’a pas toujours été à l’écart, dans son petit coin de vallée, loin de la route entre Grenoble et Briançon, entre France et Italie. Le village se trouvait sur un autre axe de communication important à l’époque, sur la route de la Savoie.
En effet, pendant des siècles Besse était sur un chemin de grande communication entre la France et la Savoie, qui devient française en 1860 seulement. La limite entre les communes de Saint-Sorlin d’Arves et Besse-en-Oisans était une frontière. Sous Louis XIV, un camp militaire était installé l’été au col des prés nouveaux pour garder la frontière. Le ravitaillement nécessaire, vivres et munitions, était entreposé à Besse dans un bâtiment spécialement construit pour, « les casernes ». Au col, passaient voyageurs, marchands, bétail et marchandises. Un bureau de douane, dans l’actuel café/épicerie des touristes, se situait au centre du village.
Voilà sûrement pourquoi la population du village a atteint jusqu’à 1200 habitants au 19ème siècle !
La petite info insolite
Avec la construction du barrage du Chambon entre 1929 et 1937, année de sa mise en service, l’électricité arrive à Besse en 1931 ! Le syndicat intercommunal du Haut-Oisans créé le 6 janvier 1927 gère l’alimentation de 6 villages : Besse, Clavans, Mizoën, le Freney, Mont-de-Lans et Auris.
L’empreinte des Bessats d’autrefois
Les robustes maisons du village sont le témoignage de l’agriculture bessate. On retrouve dans leur architecture les marques de leur ancienne fonction de ferme. Faites de blocs de schiste ou de tuf et avec des toits parés d’ardoise ou de lauze, elles sont la preuve que le travail de la pierre peut-être un art tant technique qu’esthétique.
Les habitants construisaient eux-mêmes leur maison avec les matériaux qui se trouvaient sur place : pierres du ruisseau, pierres plates de schiste, ardoises du hameau de Bonnefin, terre pour le mortier et troncs de bouleaux pour la charpente. Une maison typique était donc construite uniquement à partir de matériaux locaux. Elle est posée dans la pente, le rez-de-chaussée comprend l’écurie et l’habitation, la plupart du temps une seule et même pièce. L’entrée était la même pour les hommes et les animaux. Au-dessus se trouvait la grange où étaient stockés la paille et le foin.
Sur la façade principale, un balcon en bois servait de séchoir pour les fagots et les « blaittes », petits blocs de fumier de moutons bien tassés, utilisés comme combustible pour le poêle faute de bois. Et vous remarquerez des trous en forme de triangle sur les façades, ils servaient d’aération pour le foin.
Les toits avaient une faible pente pour que les ardoises ne glissent pas. Ceux plus pentus sont plus récents. Aujourd’hui, ils sont recouverts de tôles, plus faciles à poser et plus légères.
En balade dans les « calades » de Besse
Pour découvrir le charme minéral de l’ensemble du village, promenez-vous le long des « calades », ruelles pavées avec les pierres du ruisseau du Guay. Pentues et étroites, elles se faufilent entre les maisons, débouchent sur une charmante placette avec son lavoir tout en pierres lui aussi, puis vous emmènent plus loin, peut-être jusqu’à la boulangerie artisanale…
Grâce à l’exiguïté des ruelles, les maisons sont particulièrement collées et donne au village cette impression de « carapace ». Montez sur les hauteurs du village pour le voir par vous-même !
Cet habitat regroupé présentait différents avantages : pelotonnées les unes contre les autres, les maisons se protégeaient du froid et des grosses chutes de neige ; de plus, l’espace relativement plat était optimisé.
Un riche patrimoine religieux
L’église actuelle est relativement récente puisqu’elle a été construite entre 1869 et 1877. L’ancienne était trop petite pour le millier d’habitants à l’époque. Elle a été rénovée sans aucune modification dans les années 1990. Le patrimoine religieux de Besse se découvre également le long du sentier des oratoires et le jour de la bénédiction des troupeaux sur les alpages en été.
Tenté par la visite du village de Besse ?
On ne vous en dira pas plus, si cette petite présentation vous a donné l’envie de vous imprégner de l’air serein de Besse-en-Oisans, passez par la Maison des Alpages pour suivre le guide à travers les ruelles pavées. La visite de village est une immersion en terre alpine…