Au cœur du bourg, l'église de style néo-gothique témoigne de la vie du village entre XIXe et XXe siècles, avec son ensemble remarquable de verrières de l'atelier Bernard représentant Livet, mais aussi la famille Keller et ses centrales hydroélectriques.
À propos : Eglise Saint-Antoine, à Livet
Eglise paroissiale dédiée à saint Antoine, de style néogothique, édifiée au début des années 1890 dans le village de Livet, en retrait de la route de l'Oisans et le long de la rue de l'Eglise. Afin de rattraper la déclivité du terrain, elle est élevée sur un grand terrassement délimité par un muret et desservi depuis la route par un degré.
L'édifice adopte un plan basilical, rectangulaire, se terminant par un chevt à pans coupés, et dont l'orientation globalement nord / sud semble conçue pour présenter sa facade perpendiculairement à la route. Elle comporte une nef centrale flanquée d'étroits collatéraux. L'ensemble de l'édifice est renforcé de contreforts, afin de contrebuter les forces exercées par le voûtement intérieur. Le ciment moulé a été largement employé dans la construction, notamment au niveau des chaînes d'angle, des encadrements d'ouvertures et du soubassement. L'édifice est surmonté d'un toit à deux pans s'articulant au-dessus du chœur en croupe polygolane.
La façade principale, orientée au sud-est, côté route, s'ouvre par une travée d'ouvertures, ménagée dans un avant-corps central, qui est encadré par des contreforts d'angle jumelés en équerre. Le portail est formé d'une porte rectangulaire à ébrasement à ressauts, qui est surmontée d'un tympan en arc brisé à voussure. Le tympan reçoit un décor sculpté représentant le Christ, debout, donnant les clefs à saint Pierre, agenouillé ; les personnages sont entourés de brebis en train de paître. Le portail est surmonté d'une rose, au-dessus de laquelle s'ouvre une petite baie jumelée (pignon). Le pignon est, quant à lui, couronné d'une croix massive. L'avant-corps est flanqué, de part et d'autre, d'une baie, haute et étroite, couverte d'un arc brisé et éclairant les collatéraux. Au-dessus de ces baies, s'ouvrent un oculus.
La nef est éclairée par les ouvertures percées dans les collatéraux, qui sont de même type que celles en façade, agrémentés de vitraux, réalisés en 1927 et 1928 par le maître-verrier A. F. Bernard de Grenoble et financés par Mme Keller mère. Le chevet est éclairé par trois fenêtres, de même type que les autres, agrémentées de vitraux représentant saint Antoine, le Christ au Sacré-Coeur et saint Roch.
Installé à l'arrière du collatéral ouest, le clocher est coiffé d'une flèche octogonale, de plan carré, à égout retroussé, couverte d'ardoises et couronnée d'une croix en fonte moulée. Ses élévations sont couronnées d'une corniche à modillons. La chambre des cloches s'ouvre, sur ses quatre faces, par une baie jumelée en arc brisé, à oculus, dotée d'abat-sons et prenant appui sur un cordon mouluré filant. L'escalier qui y conduit est éclairé par des fentes verticales percées sur chaque faces.
Les vitraux sont de très grande qualité de par leur homogénéité, ainsi que par les détails réalistes de l’architecture, des paysages et des personnages de la commune. Ils racontent des épisodes de la vie du bienheureux Pierre-Julien Eymard (sud) et de sainte Thérèse de Lisieux (nord), mettant en scène la famille Keller. Sur les dix vitraux garnissant la nef, trois se distinguent par le traitement graphique et l'originalité de leur sujet. Les deux premiers figurent, pour l'un, une vue générale de Livet mettant en valeur le site de l'usine, pour l'autre une vue de la petite chapelle Notre-Dame-des-Grâces et de la centrale de Bâton, construite par les établissements Keller et Leleux en 1925. Le dernier, figurant Madame Keller mère, entourée de sa famille et de jeunes enfants exprime bien l'esprit de la politique paternaliste menée par Charles-Albert Keller.
L'édifice a obtenu le label "Patrimoine en Isère",
récompensant la qualité patrimoniale d'un édifice d'intérêt départemental.
Histoire, culture et patrimoine
La paroisse de Livet mentionnée dans un acte daté entre 1096 et 1109. L'église et la paroisse sont à nouveau citées en 1343 et visitées en 1410. Dépendantes du diocèse de Grenoble, elles étaient rattachées au grand archiprêtré de Grenoble jusqu'en 1671, puis à celui du Bourg-d'Oisans. Aux XVIIe et XVIIIe siècles, l'église de Livet était sous la dépendance de l'abbaye d'Oulx, maison-mère du prieuré de la Garde jusqu'en 1759.
D'après l'un des procès-verbaux de Mgr Jean de Caulet du début du XVIIIe siècle, l'église était un petit édifice rectangulaire ne mesurant que 10 mètres par 4, dont le clocher surmontait l'entrée. Elle était coiffée d'un toit à deux pans couvert d'ardoises. La nef était lambrissée et le chœur voûté. Cette église abritait des chapelles dédiées au Rosaire et au Saint-Sacrement. En 1776, Jean Cairol de Madhillan consignait dans un procès-verbal que l'église était "recrépie et blanchie depuis peu". Cet édifice se situait à l'emplacement du cimetière actuel.
Au début des années 1890, une nouvelle église fut bâtie, plus grande, sur un nouvel emplacement, quelques dizaines de mètres plus à l'ouest. La construction coûta 41500 francs, financée par en partie par les chartreux (20500 francs), les souscripteurs (4000 francs) et la Fabrique (1000 francs), le reste étant à la charge de l'Etat et de la commune. L'architecte de la construction est probablement Henri-Eugène RIVOIRE.