L’hiver, tranquillité et patience permettent aux animaux d’économiser l’énergie nécessaire jusqu’à la fonte des neiges.
Bien à l’abri, cachée dans son terrier sous une belle couche de neige en guise d’isolant, la marmotte met son organisme en mode “économie d’énergie” pour consommer doucement ses réserves de graisse jusqu’au retour de la belle saison. Mais comment font les animaux qui n’hibernent pas ? Et quel comportement adopter pour ne pas leur compliquer la tâche, déjà difficile ?
En effet, à défaut d’hiberner, la plupart des animaux ont dû s’adapter aux températures très basses, au manque de nourriture et à la difficulté de se déplacer. Alors, pour ne pas les rendre encore plus vulnérables, faisons-en autant.
conditions de vie et astuces de survie d’un animal sauvage l’hiver
Découvrez quelles stratégies, parfois surprenantes, les différentes espèces ont adoptées pour supporter les conditions hivernales.
L’objectif commun à tous les animaux est de consommer le moins d’énergie possible pour ne pas épuiser les réserves accumulées en été, avant le retour des beaux jours. Chaque fois qu’ils sont dérangés, ils dépensent une énergie précieuse pour fuir puis pour chercher un nouveau refuge. En effet, alors que les conditions sont extrêmes et les sources de nourritures rares, chaque déplacement est compté. Alors comment font-ils pour s’économiser ?
Le chamois, réfugié des forêts
En fin d’automne, le rut épuise les mâles. Obligés de piocher dans leurs réserves d’énergie, il n’ont pas toujours le temps de les reconstituer en totalité avant l’arrivée de la neige. Quant à la femelle, la chèvre, elle est en pleine gestation pendant la saison froide, ce qui peut la rendre plus vulnérable.
Pendant la période hivernale, les chamois descendent donc parfois assez bas en altitude, pour trouver des zones faiblement enneigées pour trouver de quoi se nourrir. Dans les secteurs enneigés, ils recherchent le pied des arbres pour trouver un peu d’herbe sèche (4 fois moins nourrissante que celle qui est fraîche) et pour y dormir en harde.
Et enfin n’oublions pas que le chamois, animal craintif, ne peut pas miser sur son agilité et sa rapidité à fuir car l’enfoncement dans la neige, extrêmement coûteux en énergie, l’épuise. C’est pourquoi il est conseillé de l’observer à bonne distance pour ne pas l’effrayer et l’obliger à fuir.
Le bouquetin des Alpes, alpiniste des crêtes
De nombreux bouquetins sont migrateurs. En fin d’automne ils rejoignent leurs zones d’hivernages, souvent plus basses en altitude et plus adaptées pour y passer l’hiver. En effet, les déplacements dans la neige sont bien trop énergivores pour lui. Ses sabots, qui le rendent incroyablement agiles sur les rochers, ne sont pas adaptés à la neige. De plus, il est plus lourd que le chamois, et s’enfonce facilement.
Il préfère parfois rester sur les crêtes exposées au vent, là où la neige est soufflée, pour trouver un peu d’herbe. Il lui arrive aussi de creuser la neige avec ses sabots. Malgré tout il perd en moyenne un tiers de son poids l’hiver.
Le tétras-lyre, le petit coq de bruyère
Très sensible au froid, cet “oiseau esquimau” est un bâtisseur d’igloo qu’il creuse à l’aide de ses ailes. Le tétras-Lyre est un exemple de patience car il passe la majeur partie de l’hiver dans son refuge, bien à l’abri du froid et des prédateurs. Il limite ses déplacements au minimum pour s’alimenter d’aiguilles de conifères, malheureusement très peu énergétiques, généralement à l’aube ou au crépuscule.
Il choisit des pentes de neige fraîche en lisière haute de forêt pour y creuser plus facilement. Ce sont souvent des zones fréquentées par les skieurs et les randonneurs qui, en passant trop près d’un igloo, obligeront le tétras-lyre à s’envoler et dépensant ainsi beaucoup d’énergie. Il se réfugie alors sur un arbre et se trouve exposé au froid et aux prédateurs pendant plusieurs heures, d’où la forte vulnérabilité du tétras l’hiver.
Le lagopède alpin, la perdrix des neiges
Surnommé la “perdrix des neiges”, le lagopède est un oiseau d’altitude. Il vit entre 1 800 et 3 000 mètres d’altitude, au-dessus de la limite des arbres, dans des éboulis ou dans les pentes broussailleuses. L’hiver ils redescendent dans des éboulis orientés au sud et où la neige est dégagée par le vent.
Cet un expert du camouflage, qui niche au sol, car son plumage changeant lui permet de se fondre dans le paysage. Son plumage gris-brun l’été devient blanc en hiver. Cette arme issue de l’évolution des espèces s’appelle le mimétisme.
Enfin, malgré des plumes aux pattes qui lui servent de raquettes, chaque déplacement est compté. Il se déplace seulement pour fuir un danger ou se nourrir de brindilles, même sil peut résister à des périodes de jeûne.
Le lièvre variable
Le lagopède alpin et le lièvre variable ont de nombreux points communs. Plus petit que son homologue dit “d’Europe”, le lièvre de montagne est qualifié de “variable” car son pelage change de couleur à l’arrivée de l’hiver, du gris brun au blanc. Le mimétisme est pour lui aussi une stratégie d’adaptation. En effet, il gîte à terre, à l’abri de gros rochers, et a donc besoin de se camoufler efficacement pour échapper aux prédateurs.
Soit il choisit de rejoindre les crêtes ventées où le sol déneigé laisse dépasser des brindilles, soit il descend dans les forêts de résineux où la nourriture est abondante et les cachettes nombreuses.
Il est discret à l’extrême, capable d’une immobilité complète pour passer inaperçu, c’est pourquoi, il n’est pas facile pour nous, humains curieux, de le repérer pour contourner son abri.
Vous l’aurez compris, la survie des animaux de montagne en hiver tient à peu de chose. De trop nombreux dérangements peuvent fortement les rendre vulnérables. Voici donc nos conseils pour vous aider à respecter leur milieu de vie et augmenter leur chance de voir le printemps.
conseils aux pratiquants
Amateurs de ski hors-piste, de ski de randonnée ou de la randonnée en raquettes, vous avez en commun un amour des espaces vierges et sauvages. Comme on vous comprend ! Et par conséquent, nous estimons tous pleinement l’importance de préserver ces espaces et leurs habitants. D’autant plus que les activités sportives hivernales se diversifient.
Gardons à l’esprit que si la montagne est à tout le monde, les animaux qui y vivent sont nos hôtes. Et, comme nous le ferions dans un pays étranger, adaptons nos comportements au mode de vie local. Alors, soyons des invités humbles et attentifs.
“Partout en montagne, pratiquons le partage des espaces pour tout le vivant”.
Le Parc national des Écrins
“Chuuuuut c’est l’hiver !”, ainsi s’intitule l’invitation du Parc des Écrins à faire “traces douces et spatules de velours”. Pour découvrir la parole d’experts en la matière consultez la page sur leur site :
ecrins-parcnational.fr
Chut… l’hiver profitez de la sérénité des lieux en chuchotant.
Le maître-mot quand nous évoluons en zone sauvage l’hiver c’est “chut…”. Le calme, synonyme de sécurité pour les animaux, est le réflexe de base à respecter. Le bruit les pousse à fuir et à dépenser une énergie précieuse, parfois vitale. C’est pourquoi il est préférable de partir en petit groupe et d’être discret en papotant. Et, bien sûr, laissez les enceintes connectées au chalet, gardez l’ambiance musicale pour le chocolat chaud au retour.
L’hiver, évitez les zones de forêt
Skieurs, évitez de sortir des pistes, sinon, respecter les zones de refuges quand elles sont indiquées. Etant donné qu’elles ne le sont pas toutes, évitez de skier en zone forestière, surtout après une forte chute de neige ou au cours d’une période de froid intense. Pendant ces épisodes, tout déplacement est plus énergivore pour la faune.
Sachez aussi que la lisière supérieure des forêts, où les arbres sont plus clairsemés, est une zone habitée par une grande partie de la faune.
En cas de (petit) passage en forêt à skis ou en raquettes, marquez un temps d’arrêt quand vous changez de versant et évoluez en file indienne afin de concentrer les traces en une seule. Cela permet ainsi aux animaux de s’éloigner des zones de passages et de ne pas être dérangés en dehors de celles-ci.
Pour résumé, privilégiez les espaces découverts pour être repérable de loin. Et pour plus de détails, consultez le dépliant “Hiver sauvage, montagne en partage” du Réseau des Espaces Naturels Sensibles (Département de l’Isère).
L’hiver, évitez de sortir à l’aube ou au crépuscule
Même si ce conseil peut sembler logique, quelques randonneurs partent très tôt, voire de nuit, et n’ont pas conscience que leur impact est bien plus fort à l’aube. Ce sont les moments de la journée où de nombreux animaux sortent de leur abri pour trouver un minimum de nourriture. Il est tout aussi important de ne pas abîmer la végétation, en cassant une branche par exemple, car ce sont les provisions de nombreux animaux.
L’hiver, gardez vos distances grâce aux jumelles
Il est tout à fait naturel d’espérer pouvoir observer des animaux en pleine nature. Et cette curiosité est justement propice à sensibiliser le plus grand nombre aux bonnes pratiques. Alors souvenez-vous qu’une intrusion, même silencieuse, trop proche des zones de refuge hivernales, provoquera un dérangement et une fuite de l’animal. Et c’est la répétition de ces déplacements qui l’épuiseront. Alors équipez-vous de jumelles pour repérer l’igloo du tétras-lyre, même si la possibilité de se rapprocher est tentante…
L’hiver, laissez votre chien au chaud
Il sera déçu, mais sa présence est malheureusement de trop. S’il est conseillé de garder votre chien en laisse en toute saison pour la tranquillité de la faune sauvage, l’enjeu est encore plus important l’hiver, car une fuite peut obliger un animal à puiser dans ses dernières ressources.
En effet les chiens, quels que soient leur taille ou leur caractère, sont perçus comme des prédateurs. S’ils divaguent, ils peuvent repérer un abri provisoire dans la neige et provoquer un stress fatal à celui qui y est réfugié.
Le mieux est donc d’emmener votre chien sur les circuits piétons damés, en laisse bien sûr, car les animaux sauvages savent repérer les zones de passage et s’en éloignent.
Admirer
Vous connaissez maintenant les conseils à suivre pour aider les animaux sauvages à survivre à l’hiver. Sans gâcher notre plaisir, gardons à l’esprit que nous pouvons être de possibles perturbateurs pour les animaux que nous venons contempler.
Alors, si tous ces conseils nous semblent plein de bon sens, il n’est pas toujours évident de les appliquer. En effet, la montagne est un terrain à part, qui demande du temps pour être compris.
C’est pourquoi les guides et accompagnateurs en montagne seront les plus à même de nous orienter vers des secteurs adaptés à l’occasion d’une activité encadrée.